Au fantôme de Molière, au fantôme de Shakespeare, le spectateur ajoute toute croyance. […] Le spectateur croit au fantôme, par la raison que dit saint Thomas quelque part : — Credo quia absurdum ; j’y crois parce que c’est absurde ; et c’est là tout à fait une excellente, une admirable, une irrésistible raison. […] À représenter cette œuvre, et à l’entendre, les spectateurs se trouvaient aussi désappointés que les comédiens eux-mêmes. […] Rétrécissons cette comédie et la mettons en vers, alors on verra comme quoi Molière s’est trompé en donnant cette vaste étendue à son drame ; on comprendra, grâce à Thomas Corneille, qu’il n’y avait pas le plus petit mot pour rire dans ce trop sérieux Don Juan, et qu’enfin cette prose éloquente nuisait au plaisir du spectateur. […] Ce serait toute une histoire, l’histoire de ces divertissements dans lesquels se divertissent, en effet, pour leur propre compte, et sans souci du qu’en dira-t-on, ces jeunes gens et ces jeunes demoiselles, sous les regards de la reine-mère, de M. le cardinal ou de la reine de France, pas un ne s’inquiétant, parmi les acteurs ou les spectateurs, de ces fêtes de l’île enchantée, de l’opinion de la foule, au-delà de la cour.