S’il est ainsi, vous perdrez la raison ; A l’heure qu’il faudra jaser comme un oison, Vous deviendrez muet, et peut-être Manille Prendra quelque soupçon que vous aimez sa fille ; Que de son fils absent vous empruntez le nom, Et venez comme en masque apporter un momon ; Rengainez votre amour, cachez sa violence, Et vous souvenez bien des choses d’importance ; Il faut de la mémoire à qui sait bien mentir, N’oubliez pas les noms de Jaffe ni de Tyr, Vous citerez encore d’autres lieux de Syrie Pour vous conduire enfin jusqu’en Alexandrie, Où vous avez trouvé ce marchand Marseillais Qui vous a reconnu pour chrétien, pour Français, Pour natif de sa ville, et d’honnête famille, Et vous a racheté. […] Il est probable que Molière voulut alors représenter cette comédie ; on doit du moins admettre qu’il la lut ; et, s’il composait ou s’il était sur le point de composer l’Etourdi, il dut faire pour l’œuvre de Tristan ce qu’il a fait pour tant d’autres, de Rotrou, par exemple : s’en souvenir et, plus ou moins consciemment, l’imiter.