Si ce sont de faux dévots, leur fausse dévotion n’est pas, à mon égard, un titre pour être un mauvais chrétien. » L’hypocrisie servant donc, suivant Bourdaloue, de prétexte et de justification aux libertins, il en conclut que c’est se rendre coupable contre la piété que de s’élever sans mandat contre l’hypocrisie : c’est ce qu’a fait Molière, auquel Bourdaloue fait ouvertement allusion dans un passage célèbre« Voilà, chrétiens, ce qui est arrivé lorsque des esprits profanes ont entrepris de censurer l’hypocrisie, non pour en réformer l’abus, ce qui n’est point de leur ressort, mais pour faire une espèce de diversion dont le libertinage pût profiter2. » Après avoir prouvé aux libertins que lors même que tous les dévots seraient trompeurs, la piété n’en serait pas moins un devoir, Bourdaloue revient sur cette concession apparente et soutient qu’il existe une vraie piété : « Grâces immortelles vous soient rendues, ô Seigneur ! […] De son côté, l’Église proteste, sentant avec raison combien il est difficile de fixer une limite entre la vraie et la fausse piété ; car la vraie piété serait la piété complète, animée par une foi sans mélange et soutenue par une vue sans tache ; or, si l’on ne permet la pratique qu’à ces conditions, autant dire qu’il ne doit pas y en avoir du tout. […] S’il en était ainsi, on pourrait soutenir que Molière n’a conservé le dénouement que par respect pour la tradition et par acquit de conscience, que son but a été de nous peindre un athée galant homme, un peu léger de mœurs (mais y a-t-il là de quoi pendre un homme ?) […] … » Jusqu’ici, tout va bien, et Sganarelle, soutenu par la force de la vérité et du bon sens, trouve le juste et la raison décisive ; mais il veut aller plus loin ; il veut pousser son argument, le développer : c’est alors qu’il s’embrouille : « Pouvez-vous voir ces artères, … ces, … ce poumon et tous ces ingrédients qui ?