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173. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

. — Molière, tout au rebours : il a été grave, sérieux, austère pendant tout le cours de la pièce ; il a oublié bien souvent qu’il nous avait promis une comédie, et maintenant que justice est faite, que le scélérat est englouti, Molière se souvient qu’il a voulu en effet écrire une comédie, et qu’il doit, tout au moins, nous laisser sur un trait plaisant ; hé bien, ce trait plaisant, au milieu du souffre qui brûle encore, il le tire du trembleur Sganarelle. […] « Sincerum fuit sic eorum judicium, nihil ut possint nisi incorruptum audire et elegans : eorum Religioni cum serviret orator, nullum verbum insolens aut odiosum ponere solebat. » Ceci est un beau passage de Cicéron, et ce que dit l’orateur romain des orateurs athéniens, on le dira quelque jour des journalistes de Paris, lorsque les esprits seront accoutumés à ne rien souffrir que de pur, d’élégant et d’achevé ; lorsque cette intelligente nation aura forcé les écrivains, par son discernement même, à ne rien avancer, qui ne soit d’un sens exquis, et contenu dans les justes limites d’une langue obéissant aux lois les plus strictes de la grammaire, aux instincts les plus exigeants de l’esprit.

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