/ 177
15. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Je m’accommode assez, pour moi, des petits corps ; Mais le vide à souffrir me semble difficile, Et je goûte bien mieux la matière subtile. […] L’humanité, pour tout dire en un mot, il l’aime, et voilà pourquoi il combat tous ces préjugés et ces coutumes barbares qui la gênent et la violentent : en face des Arnolphes et des Sganarelles il se fait l’ardent défenseur de sa liberté ; — il l’aime et c’est pourquoi aussi il ferme les yeux sur ses fautes, admet ses penchants et ses inclinations, et de peur de la faire souffrir ne lui propose que sa morale du juste milieu (60). […] Non content de s’être donné la tâche éternelle de l’amuser tant qu’elle existera, elle qui l’a tant fait souffrir, il l’a aimée jusqu’à sa fin : bien plus, il s’est sacrifié pour elle. Malade, mourant presque, à la vue de ses compagnons qui n’avaient plus pour vivre que son travail et ses souffrances, il n’hésite pas ; une dernière fois il leur sera utile, il jouera, c’est-à-dire il mourra, pour les empêcher de souffrir. […] Seulement il souffrait de son amour.

/ 177