Voilà, à mon sens, ce qu’on ne devrait pas souffrir. » Lui-même, Voltaire, qui était le bon sens et le génie en personne, il eût voulu que le roi envoyât Fréron… aux galères ! […] Comment donc amuser toute une cour, avec le lamentable spectacle d’un bonhomme en robe de chambre, en bonnet de nuit, qui souffre ou, ce qui revient au même, qui croit souffrir toutes les maladies connues et non connues ? […] Bref, à tort ou à raison, il souffre mille morts dans une seule ; et cependant vous voulez que je rie aux éclats de ces misères ; vous prétendez m’amuser au récit de ces tortures, sous prétexte que cela fait toujours passer une heure ou deux ! […] Il n’a pas l’esprit chagrin d’Alceste, Philinte ne dit pas à sa maîtresse : Vous avez des plaisirs que je ne puis souffrir : Au contraire, il aime tous les plaisirs de sa maîtresse ; il est heureux de toutes les complaisances qu’il a pour elle, et il ne s’inquiète pas si ce sont là de molles complaisances. […] Il y a dans ce caractère si rempli de loyauté et de franchise, quelque chose de plus qu’un grand seigneur honnête homme, mécontent et frondeur ; il y a un homme de génie qui souffre, un philosophe qui attend, un cœur blessé et sans espoir ; il y a surtout un homme excellent, dévoué, méconnu, plein de bon sens, même dans les écarts de la passion la plus légitime et la mieux sentie.