Enfin, comme toutes les personnes qui avaient l’honneur d’appartenir à Sa Majesté, Molière devait nécessairement être invulnérable ; or, Louis XIV avait été scandalisé des attaques de Boursault contre son poète ; il avait donc ordonné positivement à Molière de répondre, et Molière ne se fit guère prier ; il était naturellement guerroyeur ; il supportait difficilement la piqûre des insectes : — Le mépris des sots, disait-il, est une pilule qu’on peut avaler, mais non pas sans faire la grimace. […] Saint-Évremond, un bel esprit de cette famille des beaux esprits, disait souvent que les grands admirateurs étaient de sottes gens, et La Bruyère, qui se plaignait, puisque les grands sujets lui étaient défendus, d’être forcé de faire la satire des ouvrages de l’esprit, indique à merveille les limites de la critique : « Il ne faut pas, dit-il, mettre un ridicule où il n’y en a point, c’est se gâter le goût, c’est corrompre son jugement et celui des autres.