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223. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Non content de confier à Moliere la conduite des fêtes qu’il donnoit, on croit qu’il lui offrit6 une place de secrétaire auprès de sa personne : le sort de la scéne françoise en décida autrement. […] La premiére scéne est aussi heureuse que neuve, aussi simple que vive ; au lieu de ces confidences que l’on y employe si ordinairement, une vieille grand’mere scandalisée de ce qu’elle a pû voir de peu séant chez sa belle fille, sort en donnant à ceux qui composent cette maison, des leçons aigres qui les caractérisent tous ; car on distingue le vray jusques dans le langage de la prévention. […] Ce ridicule n’eût pas été sensible dans un rang trop élevé ; il n’eût pas eu de graces dans un rang trop bas : pour faire effet sur la scéne comique, il falloit que, dans le choix du personnage, il y eût assez de distance entre l’état dont il veut sortir, & celui auquel il aspire, pour que le seul contraste des maniéres propres à ces deux états, peignît sensiblement, dans un seul point & dans un même sujet, l’excès du ridicule général qu’on vouloit corriger.

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