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155. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Dans Boccace, elle ne court aucun risque en mettant le confesseur dans sa confidence ; c’est l’homme du monde le plus aisé à tromper, dès que la fourberie se couvre du voile de la religion : au lieu que dans Molière, la jeune fille, qui ne peut avoir d’entretien qu’avec son tuteur, s’expose à mille inconvénients pour se tirer de la situation où elle est ; et toutes les démarches qu’elle fait dans cette vue deviennent, pour ainsi dire, autant de coups de théâtre ou de situations neuves, amenées, intéressantes, et d’où sort enfin un dénouement aussi juste qu’admirable. […] « Sganarelle interroge les Démons, ils répondent par lignes, et sortent en lui faisant les cornes. […] Dans ce dessein, elle sort pour le chercher, mais sans communiquer son idée aux spectateurs, à qui elle donne en même temps une grande curiosité de savoir ce que produira cet entretien. […] Il était temps que le pauvre enfant sortît de sa prison, car il était si mal à son aise depuis cinq ou six heures, que l’épinette en avait contracté une mauvaise odeur. » Le secret de l’épinette de Raisin était découvert lorsque Loret en parla, car après le passage que nous venons de rapporter, cet auteur poursuit ainsi. […] Pendant qu’on est occupé à danser, les deux époux s’échappent et sortent de la maison ; Sganarelle s’en aperçoit et demande où est Lucinde, et apprend qu’elle est chez son mari, que tout ce qui vient de se passer est réel, et que sa fille est mariée dans toutes les formes.

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