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160. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Ici madame de Tencin, la digne sœur de son frère, et quelque chose de pis, a fait jouer Le Complaisant, en cinq actes ; là Marmontel, ce vaniteux gonflé de vent, ce belître Normand qui s’était fait le patient de mademoiselle Clairon, a donné Denis le Tyran ; plus loin monsieur Bret a fait jouer, huit fois, L’École amoureuse ; je vois sur cette liste incroyable (eh ! […] Je renonce à ma sœur plutôt qu’à votre amour. […] Il me semble que je la vois d’ici : elle se lamente, elle se désole, elle appelle à son aide les dieux et les hommes ; elle arrache ses beaux cheveux, elle crie à s’enrouer… Thaïs est plus sage ; elle a une dette à payer au capitaine Thrason, elle paiera sa dette ; elle a promis d’accepter son dîner, elle dînera avec lui et elle sera de bonne humeur ; tant promis, tant tenu ; voilà comment nous sommes, nous autres, les affranchies du festin et de l’amour ; nous n’avons pas le droit de pleurnicher à tout propos, nous obéissons à la nécessité, comme nos sœurs de Paris obéissent à la fantaisie et à la pauvreté, ce rude maître, ce maître sans pitié pour ses esclaves ! […] Moncade, par exemple, est interpellé par Ergaste, le frère de Léonor, pour savoir s’il épousera sa sœur ; Moncade répond à cet Ergaste : — On n’épouse pas toutes celles qu’on aime, et les choses en restent là.

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