« Ces deux pièces, dont le genre même était inconnu à l’Antiquité, sont celles que le public a reçu avec le moins d’empressement : et cependant celles dont il attendait l’immortalité, et qui, ainsi que L’École des femmes et Le Tartuffe la lui assurent ; l’art, caché sous des grâces simples et naïves, n’y emploie que des expressions claires et élégantes, des pensées justes et peu recherchées, et une plaisanterie noble et ingénieuse pour peindre et pour développer les replis les plus secrets du cœur humain. […] C’est par des exemples pareils, plus sensibles que de simples discours, qu’il s’appliquait à former les mœurs de celui qu’il regardait comme son fils. […] Thessala dans Plaute, Céphalie dans Rotrou, ne sont que de simples confidentes d Alcmène ; Molière a fait de Cléanthis, qui tient leur place, un personnage plus intéressant par lui-même. […] On comprit alors qu’il peut y avoir de fort bonnes comédies en prose, et qu’il y a peut-être plus de difficulté à réussir dans ce style ordinaire où l’esprit seul soutient l’auteur, que dans la versification, qui, par la rime, la cadence et la mesure, prête des ornements à des idées simples, que la prose n’embellirait pas. […] La première scène est aussi heureuse que neuve, aussi simple que vive ; au lieu de ces confidences que l’on y emploie si ordinairement, une vieille grand-mère, scandalisée de ce qu’elle a pu voir de peu séant chez sa belle-fille, sort en donnant à ceux qui composent cette maison des leçons aigres qui les caractérisent tous : car on distingue le vrai jusque dans le langage de la prévention.