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15. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

L’Amour médecin, ce simple crayon , et ce petit impromptu , comme l’appelle Molière, commence par une scène excellente, que j’ai déjà nommée le pendant de la non moins excellente scène par laquelle commence aussi Le Mariage forcé. […] L’action simple et peu animée, les beautés fines, délicates, mais quelquefois un peu sérieuses du Misanthrope n’étaient pas de nature à frapper, à saisir, à enlever des spectateurs, que Molière lui-même avait accoutumés à des intrigues plus vives et à un comique plus populaire. […] Si le vertueux Montausier eut l’air de croire qu’on l’honorait trop en le comparant à Alceste, on a vu plus tard un philosophe prétendre sérieusement que Molière, en créant ce personnage, avait voulu tourner la vertu en ridicule : accusation fausse et presque calomnieuse que tous les prestiges d’une éloquence sophistique n’ont pu soutenir contre les plus simples lumières de la raison. […] Molière, de même que Plaute et Térence, n’a point mis de simples paysans dans ses grandes pièces, si l’on excepte Le Festin de Pierre, ouvrage sans conséquence, où il s’est affranchi de presque toutes les règles, et Les Femmes savantes, où il faut, de toute nécessité, que Martine estropie les mots, pour exciter le courroux pédantesque de ses doctes maîtresses. […] Molière subit cette loi imposée par le goût fastueux du monarque, en transportant sur les bords de l’antique Pénée, les mœurs du moderne Lignon, en substituant aux simples pasteurs de la vallée de Tempé, les bergers de qualité dont l’imagination de d’Urfé avait peuplé les vallons du Forez.

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