La jeune innocente reste seule, se peint toute l’horreur de sa situation, & se jette dans la mer, en la priant de bien cacher sa honte. […] Je la trouve d’autant plus sublime, qu’elle peint bien le fond du caractere de Don Juan, qu’elle est revêtue du vernis hypocrite qu’il s’est donné nouvellement, qu’elle le rend encore plus odieux, qu’elle va merveilleusement au sujet, à l’intrigue, & qu’elle décele dans l’Auteur une grande connoissance du cœur humain ; peut-être même annonce-t-elle le seul homme qui pouvoit faire le Tartufe. […] Après une touche si considérable, tu t’étonneras que je me sois exposé à y mettre la main ; mais apprends que je me connois trop pour m’être flatté d’en faire quelque chose d’excellent, & que la Troupe dont j’ai l’honneur d’être, étant la seule qui ne l’a point représentée à Paris, j’ai cru qu’en y joignant ces superbes ornements de théâtre qu’on voit d’ordinaire chez nous, elle pourroit profiter du bonheur qu’un sujet si fameux a toujours eu ».