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143. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Toi seul, tu veux lutter contre un vice puissant Qui jamais ne pardonne ! […] L’auguste liberté, le plus noble des biens, Peut seule des Français resserrer les liens, Et, soutenant la voix des fils de l’harmonie, Rendre enfin le courage et l’essor au génie. […] insensible au branle de ta roue, Le mérite naissant, loin du monde caché, Fier d’être utile un jour, à l’étude attaché, Mûrit dans le travail et sa jeune éloquence, Et son besoin de gloire, et son indépendance : Protégé par lui seul il se doit ses progrès, Et sans remords, au moins, jouit de ses succès. […] Ne doit-on pas s’étonner que de ces tribunes tutélaires il ne se soit pas élevé une seule voix en faveur de l’indépendance légale de l’art dramatique ; de cet art vraiment national, qui a tant d’influence sur l’opinion et sur les mœurs ; qui plus que tout autre a besoin de liberté, etauquel on n’a pas même daigné accorder le bienfait d’une loi d’exception, qui pût au moins lui laisser entrevoir dans l’avenir un temps plus heureux.

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