Comment Molière, en morale, se sert du principe : « Vivre conformément à la nature », comme d’un principe négatif, pour ruiner les préjugés de son temps, et comment il importe de distinguer ses boutades révolutionnaires de ses opinions réformatrices. […] Isabelle manque à toutes les convenances, s’expose à bien des périls sans doute ; elle le reconnaît elle-même : Je fais, pour une fille, un projet bien hardi, Mais l’injuste rigueur dont envers moi l’on use Dans tout esprit bien fait me servira d’excuse….. […] Certes, Tartuffe est un faux dévot, il ne parle au nom du ciel que dans son intérêt, mais enfin il parle au nom du ciel, et son langage est celui dont les gens dévots se servent d’ordinaire. […] Or, le principe un peu vague, « vivre conformément à la nature », dont il s’est servi, après Rabelais et Montaigne, pour ruiner nombre de préjugés qui lui semblaient fâcheux, ne l’eût certes pas amené à un certain nombre de jugements dont nous avons pu reconnaître la haute sagesse. […] Chaque jour elle souffre davantage de le voir prendre place à la table de famille où sa dupe lui sert les meilleurs morceaux.