Molière avait jeté un regard d’aigle sur les mœurs de son temps ; il avait vu l’esprit de coterie succédant à l’esprit de faction ; le génie de la Fronde passait de l’hôtel de Longueville à l’hôtel Rambouillet, les aventuriers de finances, les faiseurs de projets et les intrigants de tous genres, qui pullulent toujours à la suite des troubles civils et au commencement des nouveaux règnes, lui avaient tour à tour servi de modèle ; mais l’hypocrisie était le vice qui avait le plus exercé ses méditations, le plus enflammé sa verve. […] « J’espère, dit-il, que Molière recevra ces observations d’autant plus volontiers que la passion et l’intérêt n’y ont point de part Je n’ai pas le dessein de lui nuire, je veux au contraire le servir. […] « Ce prétexte est grand, il est spécieux, il impose beaucoup, il permet de tout dire impunément ; et quand celui qui s’en sert n’aurait pas raison, il semble qu’il y aurait une espèce de crime à le combattre. […] Le roi, si imprudemment accusé, vengeait sa propre cause : les ennemis du poète lui avaient préparé un nouveau triomphe ; ils avaient servi à sa fortune en travaillant à sa ruine, contribué à sa gloire en voulant lui ravir sa renommée : tel est le châtiment, tel est le véritable supplice de l’envie. […] Bayle avait déjà cité ce dernier ouvrage comme ayant beaucoup servi à Molière ; mais il n’en rapporte aucune preuve, et il ne cite à l’appui de son assertion qu’un discours d’Arlequin tiré d’un livre anonyme.