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87. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Il reste encore, à propos de Tartuffe, une dernière question : c’est celle des sentiments personnels de Molière et de ses intentions. […] Enfin, c’est à peine si l’on peut dire qu’elle est punie ; on sent bien que ce n’est pour elle qu’un échec momentané, mais qu’avec sa beauté, son esprit, sa grâce et sa fortune, elle n’aura pas de peine à reprendre le sceptre des salons et à gagner de nouveau le cœur des hommes, et cependant on ne surprend en elle aucun vestige de remords, pas l’ombre d’un sentiment généreux ; le cœur est absolument vide. […] Tournant ainsi au noir le caractère de Philinte, il exagéra le côté risible du personnage d’Alceste ; il ne vit pas que le rire dont celui-ci est quelquefois l’objet est un rire de sympathie et de bienvenue au moins de la part du spectateur, et si d’autres personnages, comme Célimène et les marquis, croient avoir le droit de le persifler, ce n’est pas avec notre connivence, ou du moins, si nous rions avec eux, ce n’est pas avec les mêmes sentiments qu’eux. […] Le sage de la pièce, de Jalin, épouse, comme Philinte, l’Éliante de ce faux monde, la jeune Marcelle, qui a conservé des sentiments purs au sein de l’impureté ; enfin le nouveau Alceste, comme l’autre, reste seul blessé au cœur, et avec bien plus de droit que celui-ci de devenir misanthrope. […] Sentiments des pères de l’Église sur la comédie et sur les spectacles.

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