Voilà une phrase qui n’était pas construite de son temps, et dont il se serait bien moqué lui-même ; il aimait cet art de la comédie pour les larmes que le cœur y verse, pour les éclats de rire que l’esprit y rencontre ; il aimait cette façon de parler aux hommes assemblés et de leur imposer tous les sentiments poétiques ; enfin, je vous le dis tout bas, il était de ces hommes qui croient encore que le théâtre est l’école des mœurs : belle école vraiment ! […] De ce gueux-là, Térence a fait un digne valet, hâbleur, mais dévoué, imprudent, mais capable d’un bon sentiment au fond de l’âme. […] Faites-vous donc violence, vous tous qui avez été habitués à la retenue de Molière, qui avez toujours rencontré, dans la vieille comédie, les plus honnêtes sentiments cachés sous le rire ; faites-vous violence, vous qui avez crié si haut quand Molière vous a montré, dans Le Bourgeois gentilhomme, le comte Dorante, chevalier d’industrie, et la marquise Dorimène, entretenue par le marquis, vous en verrez bien d’autres, je vous jure, avec l’ami Regnard ! […] Je ne sais pas si vous pensez comme moi, mais ces trois femmes qui paient le même homme, qui courent après lui, sans amour et sans passion, et qui le quittent sans regret et sans remords, aussi prêtes à le reprendre qu’à le laisser là ; ces trois femmes, sans esprit et sans cœur, qui n’ont même pas leur passion pour excuse, me paraissent aussi loin d’être dramatiques que d’être vraies ; le dégoût est l’unique sentiment que l’on éprouve à leur aspect. […] Pas un mot du cœur, pas un tendre sentiment, pas une parole humaine dans les reproches de Lucinde à son cher Moncade.