La statuaire devenait ainsi une école de patriotisme et de sagesse ; elle développait le sentiment du beau, elle vulgarisait l’héroïsme, et les généreux dévouements, elle plaçait dans la mémoire de tout un peuple, les images vivantes de ces génies aimés de Dieu qui nous ont versé l’amour et la lumière. […] Il faudrait peindre d’abord les habitudes grossières du peuple à cette époque, sa brutalité sensuelle, son langage cynique, sou égoïsme impudent qui le ravalait au niveau de la bêle : puis à côté de ce portrait vigoureux, il faudrait placer le portrait vivant de la classe bien élevée : là se rencontrent les sentiments délicats, la naïveté charmante, l’innocence et la pudeur dans leur expression la plus gracieuse. […] Elle donne des images à la pensée et des émotions au sentiment ; elle est la lumière divine qui tombe du ciel sur les œuvres du génie, car je ne saurais définir autrement l’inspiration. […] Les souscriptions de ce genre sont des symptômes certains d’intelligence : elles disent qu’une idée, ou qu’un sentiment vient de pénétrer dans la foule : elles sont grandes et puissantes, parce qu’elles proclament la reconnaissance d’un peuple. […] Molière fut, tout à la fois, leur camarade et leur père, et je crois obéir a un sentiment respectueux et presque filial, en vous proposant de réunir au projet de l’admi nistration celui d’un monument que nous serions si glorieux de voir enfin élever au grand génie qui, depuis près de deux siècles, attend cette justice !