Molière exprimera bien les mêmes sentiments dans sa première comédie : Votre père fait voir une paresse extrême À rendre par sa mort tous vos désirs contents. […] Molière est déjà loin de Scarron, et pourtant il est vrai de dire que l’on ne souffrirait pas de nos jours sur la scène l’expression de pareils sentiments, quelque soin que l’auteur prît d’ailleurs de les atténuer ou de les condamner. […] « Le bal, la Comédie, le jeu, dit l’abbé de Voisin, furent interdits à tous ses domestiques. » Lorsqu’il reviendra à Lyon l’année suivante, ses sentiments à l’égard de ses comédiens seront bien changés ; ils l’étaient déjà sans doute. […] Il cherche, pour les mettre en face l’un de l’autre dans des rôles hostiles, ceux qui précisément ne s’aiment point ; et il tâche d’obtenir une semblable harmonie lorsqu’il s’agit d’exprimer des sentiments plus doux. […] Ces censeurs reprochent surtout à Molière d’avoir détruit la belle comédie, c’est-à-dire, comme ils l’entendent, la comédie des grands sentiments, des sentiments subtils et raffinés, la comédie romanesque que les Rotrou, les Benserade, les Scudéry et Corneille lui-même avaient empruntée à l’Espagne : « J’entends par belle comédie, dit l’un d’eux, ces pièces qui sont des tableaux des passions galamment touchés, où l’on voit des moralités judicieusement répandues, où paraissent ces brillants d’esprit qui charment.