On n’en veut point à sa personne, mais à son athée ; l’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation ; ce n’est pas un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende publiquement les intérêts de Dieu qu’il attaque ouvertement, et qu’un chrétien témoigne de la douleur en voyant le théâtre révolté contre l’autel, la farce aux prises avec l’évangile, un comédien qui se joue des mystères, et qui fait raillerie de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la religion. […] Il ne doit pas abuser de la bonté d’un grand prince, ni de la piété d’une reine si religieuse à qui il est à charge et dont il fait gloire de choquer le sentiment. […] À la prière de Louis XIV, le légat avait lu attentivement la comédie du Tartuffe, et ce prélat avait pensé qu’elle ne blessait en rien ni les lois de Dieu, ni les lois de l’église ; mais le sentiment qu’il en porta fut loin d’éteindre les fureurs de la cabale, elles se tournèrent contre lui-même ; et, ainsi que nous avons vu quelquefois les hypocrites de royalisme se faire plus monarchistes que le monarque, les hypocrites de religion se montrèrent alors plus religieux que l’envoyé du pape. […] Pour jouer les personnes, il faut les montrer telles qu’elles sont ; si l’on ne met sur le théâtre que ce que fait un honnête homme qui a des sentiments religieux, on ne représentera que de bonnes actions, et alors la religion ne sera pas compromise. […] Si le faux dévot ne doit pas être livré au ridicule parce qu’il ressemble au vrai, l’hypocrite de bienfaisance peut, en toute sûreté, faire des dupes ; le tartufe de mœurs porter le déshonneur dans les familles, car ils prennent aussi le langage de la philanthropie et du sentiment ; ils ressemblent à l’homme désintéressé et à l’homme sensible.