Il ne peut pas être trop méprisé : mais il est généralement plus détesté que beaucoup d’autres qui le mériteraient peut-être davantage, et cela sans doute parce qu’il a son principe dans ce qu’il y a de plus antisocial, l’égoïsme ; qu’il est préjudiciable à autrui, plus encore qu’à celui qui en est possédé ; et qu’enfin aucun transport de l’âme ou des sens n’est là pour excuser sa triste et solitaire turpitude. […] Comme l’argent est le moyen d’échange par lequel on se procure toutes les jouissances qui satisfont les sens, et même quelques-unes de celles qui flattent l’amour-propre, l’avare, parce qu’il possède le signe représentatif de beaucoup de choses, s’imagine posséder les choses mêmes que ce signe représente, c’est-à-dire, qu’il prend l’image pour la réalité, le moyen pour la fin, et une privation pour une jouissance. […] Rousseau ne prend-il pas trop à la lettre ce mot imposant de malédiction, et n’abuse-t-il pas du sens terrible qui y est attaché ?