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136. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Au sens de ces hommes sérieux, les critiques de profession blessent le poète, ils impatientent le lecteur ; leur goût consiste absolument à n’avoir pas le goût de tout le monde ; ils imposent leur volonté à la foule obéissante, à regret obéissante ; ils brisent ce que le public adore, ils relèvent ce qu’il a brisé ; quand ils devraient donner la force et le courage aux artisans de la belle gloire, ils s’appliquent, au contraire, à leur montrer l’obstacle, à leur faire sonder l’abîme, à leur prouver qu’ils tentent l’impossible. […] Voilà, à mon sens, ce qu’on ne devrait pas souffrir. » Lui-même, Voltaire, qui était le bon sens et le génie en personne, il eût voulu que le roi envoyât Fréron… aux galères ! […] Plus loin, l’évêque de Meaux explique aussi très bien : que l’amour ne vit pas sans cette impulsion de la beauté qui force à aimer et qui rend aimable et plaisante la révolte des sens. […] Inexplicables mystères… on ne les peut expliquer que par l’existence d’un sixième sens ! […] L’Université de France, qui jurait encore par son maître Aristote, justement inquiétée des progrès de la doctrine nouvelle, se démenait et s’agitait dans tous les sens, pour faire rétablir dans toute sa rigueur, un arrêt de l’an 1624 qui défendait, sous peine de la vie, d’enseigner aucune doctrine contraire aux opinions d’Aristote.

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