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121. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

D’un côté il est certain qu’un auteur ne doit jamais s’écarter de la nature, ni la faire grimacer : d’un autre côté il n’est pas moins évident que dans une comédie on doit peindre le ridicule, & même fortement : or il semble qu’on n’y sauroit mieux réussir qu’en rassemblant le plus grand nombre de traits propres à le faire connoître, & par conséquent qu’il est permis de charger les caracteres. […] L’avocat patelin semble peint de nos jours. […] Décent partout, ne riant qu’avec réserve & modestie, il semble être sur le théâtre, comme la dame romaine dont parle Horace, est dans une danse sacrée, toujours craignant la censure des gens de goût. […] La préoccupation se rencontre dans les commentateurs, parce que ceux qui entreprennent ce travail, qui semble de soi peu digne d’un homme d’esprit, s’imaginent que leurs auteurs méritent l’admiration de tous les hommes. […] Les opinions singulieres ont seules le privilege de captiver leurs esprits, soit que l’amour de la nouveauté ait pour eux des appas invincibles, soit que leur esprit, d’ailleurs éclairé, ait été la dupe de leur cœur corrompu, soit que l’irréligion soit l’unique moyen qu’ils aient de percer la soule, de se distinguer, & de sortir de l’obscurité, à laquelle le sort jaloux semble les avoir condamnés.

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