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209. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Malheur à qui se trouvera sous cette averse piquante ! […] Voilà la force ingénue, irrésistible, qui incline le spectateur à compatir, à frissonner, à admirer, à craindre, à se troubler, à pleurer, à se trouver mal, à partager avec des angoisses, avec des rires, avec des larmes, la moindre parole échappée au poète : — Allons, fuyons, accourons, appelons à notre aide ! […] En même temps, par une inconséquence fatale, il se trouve que ces malheureux petits princes, après qu’on nous les a montrés si ridicules, on nous les montre, plus puissants pour le mal que s’ils étaient Caligula, Néron, Domitien en personne. […] Odry était un lourdaud d’une gaieté brutale ; on riait, à le voir, mais on riait, malgré soi, et l’on se trouvait honteux de tant s’amuser, à quoi, je vous prie ? […] Et justement c’est dans cette chose intraduisible que, la plupart du temps, se trouve la gaîté comique ; c’est la chose qui tient aux mœurs, au langage, au je ne sais quoi de la vie humaine ; c’est le chic, c’est le truc, c’est le fion, c’est l’accent, c’est le clin d’œil, c’est le génie de la province, la coupe de l’habit, la forme du chapeau ; c’est ce qui fait dire à la grisette qui passe, et qui rencontre dans son plus bel attirail une femme de province : — Voilà une femme de province !

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