Préface L’œuvre d’Édouard Fournier est variée autant qu’immense. L’infatigable curiosité de ce chercheur explorait les points les plus divers de notre histoire nationale, sans que la folle du logis cessât de hanter son cerveau de poète ; il savait l’y faire vivre en paix avec la raison et la science. En dehors de ses travaux d’éditeur, théâtres du Moyen Âge et de la Renaissance, théâtre du grand siècle et théâtre moderne, Édouard Fournier a marqué sa prédilection pour les travaux historiques par des publications considérables, où l’archéologie, l’érudition pure et l’anecdote alternent ou se succèdent sans se nuire ni s’absorber. A travers tant de figures diverses se dessinant sur les perspectives lointaines de nos annales, il en est une, demeurée colossale et dominante à l’horizon, qui, plus longtemps qu’aucune autre, captiva l’attention d’Édouard Fournier : c’est Molière. Jamais, pour ainsi dire, il ne la perdit de vue, essayant, dès le début, de reconstituer le roman du grand comique à travers les légendes suspectes, les contes absurdes ou calomnieux, comme aussi les enthousiasmes à faux, moins supportables peut-être que les dénigrements systématiques.