Et si Molière a réellement emprunté quelques traits à ce type, sachons lui gré de ne pas l’avoir copié d’après nature, et d’avoir écarté scrupuleusement de son art la licence de la satire. […] Mais quel intérêt Molière aurait-il pu avoir à poursuivre de ses satires la sœur de M. le prince, -vouée depuis treize ans aux pratiques de la religion la plus austère11 ! […] Ce serait faire descendre les grandes œuvres à des proportions indignes dit génie, et rabaisser l’art du poëte comique au triste niveau de la satire personnelle. […] Ainsi, un type bien commun dans la société polie du XVIIe siècle, était celui de Philinte, homme aimable, complaisant, peu observateur, ou du moins n’ouvrant les yeux que malgré lui sur les misères humaines, doué d’un flegme utile, d’un esprit facile et accommodant, peu enclin à la satire, une manière d’optimiste, si l’on veut, mais non à la façon de Pangloss, ni des utopies de Jean-Jacques. […] Ce type a peu exercé la curiosité des chercheurs de clefs, plus avides de découvrir la satire d’un travers ou d’un vice que de reconnaître une vertu ou une qualité.