Le rire est leur domaine ; ils s’emparent triomphalement de la correction des mœurs ; ils sont, tout à la fois, des sages et des écrivains ; ils inventent leur comédie, ils inventent leur langage, et ce fut la plus juste admiration du dix-septième siècle, de trouver que Molière était un poète à côté de Racine, e non loin de Despréaux, un prosateur comparable à Pascal. […] Ils étaient riches, ces Poquelin ; ils étaient sages ; seulement le grand-père était un bel esprit qui gâtait son petit-fils (c’est l’usage), et quand le grand-père et le petit-fils traversaient le Pont-Neuf tout rempli de farces, de comédies, de chansons, de tréteaux joyeux, d’arracheurs de dents, d’opérateurs et d’avaleurs de pois gris, Molière s’en est souvenu, le vieillard et l’enfant tout joyeux ne se lassaient pas des amours de Tabarin et des gaietés de Francisquine. — Ah ! […] Ariste est un sage et Sganarelle est un jaloux : le premier, pour plaire à Léonor, qu’il veut épouser, lui prodigue les petits soins, les tendresses, les respects ; Sganarelle, au rebours de son frère Ariste, est un malappris, un brutal.