/ 162
58. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

C’est un art exquis, savez-vous, cet art qui soulève tant de méfiances, et depuis tant de siècles ; cet art également odieux aux philosophes païens et aux sages chrétiens ; odieux à Tertullien, à Sénèque, à saint Jérôme, à Bossuet. […] Ceci fait, j’aurais suivi l’enfant dans sa seconde entreprise ; de L’École des femmes, je passais à L’Épreuve nouvelle, de Molière à Marivaux, et j’aurais fait remarquer à la jeune débutante que parfois elle manque de naturel ; que rien ne vaut à son âge la naïveté toute pure ; que son regard est assez beau pour ne pas lui infliger tant de tourments, qu’il est bon de ne pas mettre trop d’esprit dans les vers de Molière, non plus que dans la prose de Marivaux ; enfin, j’aurais proclamé le succès de cette belle personne, l’élève bien-aimée de mademoiselle Mars ; et naturellement, à propos des bienveillantes et sages leçons que la jeune fille a reçues de ce grand maître dans l’art de la comédie, j’aurais terminé mon histoire par ces vers de L’École des femmes : Il faut qu’on vous ait mise à quelque bonne école. […] Mademoiselle Duparc, envieuse et jalouse, c’était la prude Arsinoé ; mademoiselle de Brie, indulgente et dévouée, sera plus tard la sage Éliante ; mademoiselle Molière, vive, agaçante, coquette, est déjà Célimène, et le Misanthrope, ne le reconnaissez-vous pas dans Molière ?

/ 162