Écoutez avec soin cette comédie de L’Étourdi, et vous comprendrez quel sage esprit se cache sous ce vers abondant, ingénieux, facile, net et vif, leste et bien fait. […] Géronimo, homme sage et prévoyant, a commencé par faire son office d’ami envers Sganarelle ; Sganarelle veut être flatté, Géronimo flattera Sganarelle ! […] « Ce Philinte est le sage de la pièce, un de ces honnêtes gens du grand monde, dont les maximes ressemblent beaucoup à celles des fripons ; de ces gens si doux, si modérés, qui trouvent toujours que tout va bien, parce qu’ils ont intérêt que rien n’aille mieux ; qui sont toujours contents de tout le monde, parce qu’ils ne se soucient de personne ; qui, autour d’une bonne table, soutiennent qu’il n’est pas vrai que le peuple ait faim ; qui, le gousset bien garni, trouvent fort mauvais qu’on a déclame en faveur des pauvres ; qui, de leur maison bien fermée, verraient voler, piller, égorger, massacrer tout le genre a humain sans se plaindre, attendu que Dieu les a doués d’une douceur très méritoire à supporter les malheurs d’autrui. » Vous croyez peut-être que nous parlons du Philinte de Fabre d’Églantine ? […] Cet homme passionné est un sage qui sait très bien à quelle folie il est en proie ; il aime sa folie, il se ferait tuer pour elle. […] Donc aimez-la, pour ses beaux jours remplis de bienveillance et de sourires ; aimez-la pour sa vieillesse élégante et sage, pour son parler, pour son esprit, pour son langage ; aimez-la, parce qu’elle a beaucoup aimé !