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48. (1910) Rousseau contre Molière

De peur de verser dans le tragique, il fait souvent d’Harpagon une simple marionnette dont on n’a pas assez d’horreur parce qu’on ne le prend pas assez au sérieux. […] Ensuite, comme directeur de théâtre, il était aux ordres du public, et le public de son temps était habitué à la comédie comique, et non à la comédie sérieuse, et non surtout à la comédie tragique. […] Remarquez qu’il a essayé très diligemment de la comédie sérieuse ; mais qu’il n’y a pas été encouragé, loin de là. […] Il est l’homme qui, dans la Critique de l’Ecole des Femmes, fait les observations sérieuses, les critiques pertinentes, celles qui ont été faites par les gens de métier ; il est hostile, il est amer, il est vétilleux, mais il est sensé, et quand il dit qu’Arnolphe est un homme sérieux et un homme d’esprit dans beaucoup d’endroits, c’est qu’Arnolphe a été pris ainsi par la majorité du public. La preuve en est que Dorante qui répond à Lysidas ne le réfute nullement sur ce point, ne lui reproche aucunement d’avoir dit qu’Arnolphe est souvent homme sérieux et homme d’esprit.

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