Garde de Navarre, espèce de tragicomédie, mauvais genre qui était fort à la mode, et qu’il eut la faiblesse d’essayer, parce que ses ennemis lui avaient reproché de ne pas savoir travailler dans le genre sérieux. […] Molière, qui avait un talent trop vrai pour réussir dans un genre faux, apprit depuis à ses détracteurs, quand il fit le Misanthrope, le Tartufe et les Femmes savantes, que les comédies de caractère et de mœurs étaient le vrai genre sérieux; mais il ne leur apprit pas à y réussir comme lui. […] Comme celle-ci offre de grands intérêts à démêler, on fait la plus sérieuse attention à la manière dont l’action se termine; mais, comme dans la comédie il ne s’agit ordinairement que d’un mariage en dernier résultat, divertissez pendant cinq actes et amenez le mariage comme il vous plaira, le spectateur ne s’y rendra pas difficile, et je garantis le succès. […] La malédiction d’Harpagon est-elle même bien sérieuse? […] En un mot, si la scène n’avait pas été fort sérieuse sous ce rapport, elle pouvait devenir, sous tous les autres, beaucoup trop gaie.