/ 125
120. (1900) Molière pp. -283

Mais qu’elle ait été très curieusement accueillie, écoutée avec un sérieux et vif intérêt, même par ceux d’entre eux dont elle contrariait ou même heurtait, ici ou là, les sentiments instinctifs ou raisonnés à l’égard du grand poète, nous le croyons sans peine, et, d’ailleurs, le succès d’attention et d’applaudissement qu’elle obtint, nous est attesté par plus d’un contemporain et véridique témoignage. […] il n’a garde de contester ses excellents principes, sa droiture, sa vive intelligence, le sérieux de ses sentiments, sa sincérité : mais le charme, demande-t-il, le charme, le trouve-t-on vraiment chez cette fille qui, d’un esprit si positif, oppose aux conceptions métaphysiques de l’amour caressées par sa sœur Armande les félicités matérielles du mariage, et tient tête aux obstinées prétentions et obsessions de Trissotin avec une si accablante supériorité de bon sens, de raison malicieuse et d’ironie ? […] Weiss, dont le souvenir se perd ou s’est effacé, celui qui se révélait avec tant d’imprévu et de charme dans la causerie sérieuse comme dans les propos familiers ; un J. […] Il n’a jamais vu Charlotte et Mathurine ; en dix minutes, en une demi-journée, si vous voulez, il leur fait accepter à toutes deux comme sérieuses ses promesses de mariage ; il les leur fait accepter, toutes deux étant présentes ; et toutes deux le croient ; chacune croit que c’est elle qu’il va épouser ; et tout cela est si bien agencé, si naturel, que le spectateur ne voit à cet égard, de part et d’autre, aucune invraisemblance.

/ 125