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84. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

En tous les genres encore, nos auteurs trouvent, dans ceux des autres nations modernes, des rivaux à qui tantôt ils disputent, tantôt ils enlèvent, tantôt ils cèdent la supériorité. […] En écoutant l’homme qui avait combattu, et souvent avec succès, Aristote et Descartes, ces deux grandes puissances rivales de la philosophie antique et de la philosophie moderne, il contracta l’habitude de ne soumettre sa raison à aucune autre autorité qu’à celle de la vérité démontrée. […] Cette société, qui éclipsa bientôt toutes les sociétés rivales, fut appelée l’Illustre Théâtre. […] Il obtint, sur celui de l’Hôtel de Bourgogne, un grand succès, que suivit de près la chute d’Agésilas ; et les comédiens semblaient, ainsi que la fortune, délaisser le vieux poète, pour se tourner du côté de son jeune et brillant rival. […] Quoique Molière eût en lui un redoutable rival, il. était trop au-dessus de la basse jalousie pour n’entendre pas volontiers les louanges qu’on lui donnait ; et il me semble sûr, sans oser pourtant l’assurer après quarante ans, d’avoir ouï dire à Molière, en parlant avec Dominico de Poisson, qu’il aurait donné toute chose au monde pour avoir le naturel de ce grand comédien.

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