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78. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Les riches bourgeoises de la finance et de la robe, au lieu de jouir modestement de leur fortune, déployaient dans leurs équipages et leurs toilettes un luxe scandaleux, et se donnaient en outre les grands airs des femmes de qualité. […] Dans La Passion, secrète, pour mieux flétrir l’agiotage, pour en mieux faire sentir les dangers, il nous montre une femme mariée en proie à cette passion indigne, réduite, pour éviter l’éclat dont on la menace si elle n’acquitte sur-le-champ une dette de Bourse, non seulement à violer un dépôt sacré, à livrer la somme de quarante mille francs, qui sont la dot et toute la fortune de sa jeune sœur, mais encore à entendre les conditions infâmes que, pour la tirer d’embarras, ose lui proposer un vieux et riche libertin. […] Que le comte Bertrand de Rantzau, à l’aide d’un nouveau soulèvement populaire, voie la possibilité d’assurer le triomphe de la cause qu’il sert en secret, et que la disparition subite de Raton Burkenstaff, riche fabricant de soieries, disposant de plus de huit cents ouvriers, lui semble un bon moyen de le provoquer, surtout en insinuant aux ouvriers que l’enlèvement de leur maître est un acte de vengeance du pouvoir, cela se conçoit à merveille. […] On voit à leur variété, à leur importance, à l’influence salutaire qu’ils ont exercée sur les mœurs, quelles riches ressources offre la comédie. […] Puis, riches des dépouilles de leurs victimes, pour satisfaire un certain goût du luxe ou leur amour des plaisirs, se livrer inconsidérément à des dépenses qui éveillent les soupçons de la justice et finissent par les amener à la cour d’assises ?

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