Si Sganarelle a peur d’un accident fâcheux pour son honneur, c’est que Sganarelle est un sot qui néglige sa femme, et qui perd en de vaines imaginations un temps que sa femme voudrait voir mieux employé chez lui; si Georges Dandin se voit près de tomber aussi dans l’abime des disgrâces conjugales, c’est qu’il a eu la folie, lui paysan riche, de s’allier à la famille des Sottenville, où le ventre ne faisait pas qu’anoblir. […] Pensez-vous, s’il se retire dans ses terres, qu’il abolira d’abord les corvées dont ses paysans sont accablés, lui si riche, et qui ne regrette pas les vingt-mille francs par lesquels il achète un peu cher le droit de pester à son aise contre l’iniquité de l’arrêt qui le condamne ? […] Le plus riche apanage d’une femme, c’est la chasteté, la pudeur, l’empire qu’elle a sur ses passions, la crainte des dieux, l’amour envers l’auteur de ses jours : c’est enfin l’union qu’elle conserve dans sa famille. […] J’ai à combattre un homme riche, aimable, Damon, qu’elle estime et qui mérite d’être heureux, et dans cette situation, je fais une partie au Cours avec des coquettes de profession qui m’aiment peu, que je n’estime guère.