et l’eau déjà lui en vient à la bouche ; il est fier de lui-même, et il a bien raison ; à la vue de ces tranquilles bourgeois, de ces riches paisibles, de ces bourses bien garnies qui ne tiennent qu’à un fil, Mascarille, bien plus logiquement que Figaro, peut s’écrier : — Et moi ! […] Nous en avons vu beaucoup, dans les livres et dans les comédies du siècle passé, de ces sortes de filles, assez bien nées pour avoir besoin d’être riches, trop pauvres pour se rappeler longtemps qu’elles étaient bien nées ; vous en trouverez dans ces qualités-là et à profusion, dans les Mémoires d’un certain Casanova qui se mêlait de bonnes fortunes. […] Marphurius est un de ces nombreux philosophes que vous rencontrez à chaque page du Pantagruel, une de ces perles que Molière a ramassées avec tant de bonheur et de coquetterie dans le riche fumier de Rabelais. […] Quelle bouillante colère devait fermenter dans le cœur de cet éloquent proscrit de l’univers civilisé, quand il se comparait à Alceste, lui, l’ardent génie et le sophiste convaincu, lui le persécuté de la foule, le calomnié des philosophes, l’homme sans pain, l’amoureux tremblant de tant de belles dames qui n’avaient pour ses amours ni un regard, ni un sourire ; lui, le mari ou plutôt le domestique d’une ignoble servante, à quel point la rage le devait prendre, ce misanthrope, obligé de vivre du travail de ses mains, comparé à cet heureux Misanthrope de Molière, estimé de tous, noble et beau, si brave et si riche, si regretté par cette belle Célimène qui l’abandonne, si aimé par cette douce Éliante qu’il dédaigne ! […] Que de riches dentelles à son bonnet, que de broderies à sa jupe, et que sa robe feuille-morte a bon air !