Ce que nous remportons de la représentation de l’Étourdi, c’est l’idée de ce singulier travers dans lequel on s’enfonce plus avant par la résolution même qu’on prend de s’en défier. […] On demandait, au lieu de ces travers bourgeois que le poète châtie, soit en donnant un violent dépit à un fantasque, soit en rendant un jaloux ridicule, et qui ont pour effet d’inquiéter un couple amoureux, de faire craindre à l’amant qu’on ne lui enlève sa maîtresse, à la maîtresse qu’on ne la marie de force ; on demandait la représentation d’un vice à la fois redoutable et ridicule, qui scandalisât la société tout entière, en mettant le malheur dans une maison. […] C’est sans doute ce qui rend le Misanthrope si attachant à la lecture ; mais c’est peut-être ce qui en rend la représentation un peu froide. […] On sort d’une représentation du Cid ou d’Athalie avec une profonde admiration pour le génie ; on sort d’une pièce de Molière avec de l’amitié pour l’homme.