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162. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

On y retourna, et au fond d’un coffre rempli d’une foule de vieilles bardes, en tout semblable à la malle du Géronte des Fourberies de Scapin, on découvrit deux mille bonnes livres en pistoles, écus d’or et douzains, qu’on se hâta d’inscrire à la suite de la désignation précédemment faite des objets contenus dans le coffre. […] Depuis l’une des premières jusqu’à l’une des dernières, depuis le Dépit amoureux jusqu’au Bourgeois gentilhomme, nous le suivons, ce refrain de l’admirable esprit, trop rempli des pensées qui l’oppressent, pour ne pas les faire déborder sur ce qu’il écrit, mais trop bon aussi pour en communiquer l’amertume, et s’appliquant alors à traduire en sourires, pour le public, toutes ses secrètes mélancolies. […] Ce premier fils devait avoir huit ans à peu près, quand il mourut ; c’est assez pour qu’on ait eu le temps de mettre tout son espoir dans un enfant, surtout lorsque, comme Molière, on est contraint de ne demander au ménage d’autres joies que celles de la paternité ; surtout, lorsque sachant trop bien que la femme infidèle à son devoir d’épouse ne devra pas bien remplir d’autres devoirs, le père se fait un bonheur d’être, à lui seul, toute une famille pour son enfant. […] L’amitié, le vin et les chansons ne suffisaient pas pour remplir le vide d’un cœur comme le sien ; il lui fallait l’amour, pour le consoler de l’amour. […] « Ce sont, écrivait-il à Chauvelin en lui adressant les deux farces, ce sont des canevas, qu’il (Molière) donnait à ses acteurs, qui les remplissaient sur le champ, à la manière des Italiens, chacun suivant son talent.

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