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62. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

En rattachant le plaisir et le bonheur de l’homme à un objet unique pour tous, et, par respect pour la morale, en plaçant leur source dans la sagesse, dans la religion, les philosophes et les moralistes ont rendu tout à fait inexplicable l’incorrigibilité des passionnés aveuglés et des êtres essentiellement pervers. […] Il n’est pas besoin de répéter après Molière lui-même que dans Tartuffe il a voulu stigmatiser le vice qui se revêt du manteau de la religion, tout en professant le plus grand respect pour tout ce qui touche au vrai sentiment religieux. […] Et à côté de cela, ne cesse-t-il pas de faire parler avec respect sur ce qui concerne la religion, les personnes qui, dans ses œuvres, représentent la raison et la vertu? […] Si, par le motif que j’ai indiqué, il ne faut raisonnablement pas attendre de la part des ministres de la religion la censure de la fausse dévotion, la morale, offensée par l’hypocrisie des pervers qui se couvrent du manteau de la piété, doit accepter avec reconnaissance, au lieu de la mépriser, la critique du comédien qui, par la puissance de son génie, a su devenir un des plus grands littérateurs dont s’honore la France, un moraliste et un peintre de caractère incomparable, enfin un savant professeur de la science du cœur humain.

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