Il glisse assez légèrement toutefois sur le reproche qu’on a fait à certains endroits de sa pièce de choquer la religion : « Ces paroles d’enfer et de chaudières bouillantes sont assez justifiées, dit-il seulement, par l’extravagance d’Arnolphe et par l’innocence de celle à qui il parle. » Immoral et sans pudeur, Arnolphe cherche à exploiter la morale et la religion à son profit ; il y a là un trait essentiel de ce caractère profondément conçu. […] On peut signaler toutefois plus particulièrement ce passage où Boursault prend la défense de la religion, et cherche à rendre suspects les sentiments et les intentions de Molière : Au seul mot de sermon nous devons du respect, C’est une vérité qu’on ne peut contredire. […] Déjà plus d’une fois Molière avait entendu des murmures s’élever contre lui au nom de la religion. […] « Il ne devait rien avoir pourtant, dit Sainte-Beuve, de cette forfanterie libertine et cynique des Saint-Amant, Boisrobert et Desbarreaux. »Il ne permettait pas qu’on mît en doute sa religion ; il se tenait dans les bienséances et, pour la pratique même, se conformait à la coutume. […] En luttant contre la cabale dévote, qui grossissait visiblement et circonvenait le pouvoir, Molière combattait pour ce qu’il croyait juste et sensé d’abord, pour cette religion indulgente dont Cléante est l’éloquent défenseur, puis pour sa passion, son intérêt et sa gloire.