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10. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Mais, à cette époque, les pieux scrupules de Louis XIV allaient croissant avec ses années, et les dépositaires de son autorité se montraient de plus en plus sévères sur tout ce qui pouvait toucher la religion. […] Il me reste à considérer le personnage sous un point de vue particulier, celui des opinions qu’il professe en matière de religion. […] Lorsqu’il semble braver avec quelque audace l’avertissement que le ciel lui donne en faisant mouvoir et parler une statue, son assurance n’est que de la forfanterie, son courage n’est autre chose que la crainte de paraître céder à des terreurs qu’il a toujours eu l’air de mépriser : au fond de l’âme, il ressent un effroi véritable, et la religion à laquelle il insulte est loin d’avoir perdu sur lui tout son empire. […] Molière doit-il être blâmé, peut-il être excusé d’avoir mis sur le théâtre, même pour le dévouer à l’exécration des spectateurs, et le montrer expirant sous les coups de la vengeance céleste, un homme qui tourne en dérision les mystères de la religion révélée, et repousse même les premiers fondements de la religion naturelle ? […] On avait cherché à prévenir le roi contre Le Festin de Pierre, en lui représentant que les actions et les paroles de dom Juan étaient de la plus dangereuse conséquence pour les mœurs et pour la religion.

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