Il fallut convenir que Molière avait raison ; et quand il montra le miroir, il fit rougir ceux qui s’y regardaient. […] Il est vrai que ses louanges n’étaient pas toujours flatteuses, par exemple, lorsqu’en disant beaucoup de bien de l’École des Maris, il la place après les Visionnaires de Desmarets, et lorsqu’il regarde Sganarelle comme la meilleure des pièces de Molière. […] Il attaque une comédie regardée comme une des plus morales dont la scène puisse se vanter, bien sûr que, s’il abat le Misanthrope, ce chef-d’œuvre entraînera tout le reste dans sa chute. […] La colère n’y regarde pas de si près, et l’homme de l’esprit le plus sévère peut manquer de goût quand il se fâche. […] Quand deux médecins assis près de M. de Pourceaugnac, l’un à droite, l’autre à gauche, délibèrent gravement en sa présence, et dans tous les termes de l’art, sur les moyens de le guérir de sa prétendue folie, et que, sans lui adresser seulement la parole, ils le regardent comme un sujet livré à leurs expériences, cette scène n’est-elle pas d’autant plus plaisante, qu’elle a un fond de vérité, qu’un pareil tour n’est pas sans exemple, et qu’il y a encore des médecins capables de faire devenir presque fou d’humeur et d’impatience l’homme le plus raisonnable, s’il était mis entre leurs mains comme insensé?