Lui, qui saisit si bien le travers des gens qui donnent des avis intéressés, il sollicite, comme le Sganarelle du Mariage forcé, des avis pour ne pas les suivre : c’est-à-dire que d’avance il a excepté dans son âme la seule chose qu’il soit raisonnable de lui conseiller, le mariage de sa fille ; et, après qu’il a promis par serment à la pauvre Lucinde, de lui accorder tout ce qu’elle pourrait demander, la chose qu’elle demande, est précisément celle qu’il refuse. […] Ne voyons donc dans ses paroles que le détour plus ou moins adroit d’un homme du monde, qui ne veut pas accepter un ridicule public, et refuse de se reconnaître dans un prétendu portrait plus fait, quoi qu’on en ait dit, pour offenser son amour-propre, que pour blesser sa modestie. […] Bon, il accorde aux autres l’indulgence qu’il se refuse à lui-même ; et les torts qu’il pardonne le plus facilement, sont ceux qui lui nuisent le plus. […] Il me suffit d’avoir indiqué les nombreux défauts du personnage, tous justiciables de la censure du théâtre : je ne me refuse point à reconnaître ses qualités non moins nombreuses, que l’auteur n’a eu ni le dessein ni le pouvoir de dégrader, en les associant aux excès et aux ridicules qui compatissent avec elles.