/ 167
92. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Le 20 décembre, ayant résolu d’aller tenter le sort sur l’autre rive de la Seine, ils font marché pour l’appropriation d’un autre jeu de paume, dit de la Croix-Noire, où d’ailleurs ils ne réussissent guère davantage, puisque, le 2 août 1645, nous voyons leur chef écroué au Châtelet. […] Molière n’a pas pu réussir à Paris  : il se décide à parcourir la province, et formant avec les débris de l’Illustre Théâtre une troupe nouvelle, grossie de quelques recrues, il part pour cette longue odyssée qui va le retenir douze ans loin de Paris. […] Il n’est aucunement théoricien  : son système est de réussir, et il en a employé quelquefois des moyens de goût douteux. […] On mesurera la puissance de ce courant si l’on songe qu’au siècle suivant Voltaire et Diderot en procèdent ; Voltaire, qui dès 1728, avec une sûreté de coup d’œil singulière, s’en est pris tout d’abord à Pascal, Voltaire, qui ne croit pas plus que Molière à la bonté de la nature, mais qui, comme Molière, croit à l’inutilité d’abord, et ensuite à la cruauté des moyens que les hommes ont imaginés pour combattre la nature, et ne réussir finalement qu’à être vaincus par elle. — Et Diderot, qui tire des principes du « libertinage », comme une conséquence lointaine, la religion de la nature.

/ 167