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184. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Les Précieuses ridicules On ne voit pas, quoi qu’en ait dit Voltaire, que les Précieuses ridicules aient été jouées en province avant de l’avoir été à Paris et elles ont bien l’air d’être le premier ouvrage parisien de Molière ; elles sont d’un homme qui arrive dans un pays nouveau pour lui tant il sa quitté depuis longtemps, qui en flaire vite le ridicule le plus sensible et qui fait de ce ridicule le premier gibier de sa chasse. […] — Lors qu’à toute autre personne Me préférait ton ardeur, J’aurais quitté la couronne Pour régner dessus ton cœur. […] Et il ne faut pas manquer de remarquer enfin que Don Juan, en tout cas, n’est pas si illogique et ne change pas du recto au verso, puisque ce langage de la dévotion ; ce n’est pas la première fois qu’il l’emploie : il sa employé dès le premier acte avec Elvire : Je vous ai quittée, dit-il, « non point par les raisons que vous pouvez vous figurer, mais par un pur motif de conscience et pour ne croire pas qu’avec vous davantage je puisse vivre sans péché. […] Il est remarquable que dans la « scène des portraits », et c’est-à-dire des médisances, lui seul ne médit point et non pas même (ce que fait Alceste) de ceux qui médisent, il est remarquable qu’il aime Alceste très chèrement et qu’il s’attache à lui, « qu’il ne le quitte ! […] Alceste ne comprend pas et du reste n’a pas à comprendre que c’est dans ce salon qu’il veut qu’elle quitte et dans ce monde auquel il veut qu’elle renonce qu’il peut plaire plus qu’ailleurs à Célimène dans la mesure où elle peut aimer quelqu’un.

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