Je remarque que lorsqu’on veut préparer le public à quelque nouveauté suspecte, on commence à la faire paroître sur les petits théâtres : là, elle se fait peu à peu des partisans ; le nombre augmente insensiblement, & quand son parti est assez fort, on l’expose sans crainte au grand jour. […] Il est très aisé de prouver que le public n’a nul égard aux prieres qu’on lui prodigue avant la piece. […] La premiere fois qu’elle fut donnée au public, il arriva un malheur que notre poëte n’avoit jamais éprouvé : elle ne put être jouée, & on n’en put connoître les beautés, le peuple étant entiérement appliqué à regarder des danseurs de corde. […] Mais, faisant réflexion que vous êtes mon gendre, je ne veux pas vous faire mourir en public. […] Mais, toute réflexion faite, pourquoi perdre du temps & du papier à mettre sous les yeux du public les mêmes idées en deux langues différentes ?