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126. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

La remarque la plus importante peut-être à laquelle Le Cocu imaginaire puisse donner lieu, c’est que Molière, pour la première fois, y fit rire aux dépens d’une classe d’hommes que la malignité publique fait sans doute plus nombreuse qu’elle ne l’est, et dont le malheur, redouté de chacun de ceux qui y sont exposés, n’en est pas moins un objet de raillerie pour tous, sans en excepter ceux qui l’ont subi. Il faut que ce singulier genre d’infortune soit une source de comique bien abondante ; car Molière y puisa bien souvent sans la tarir ; et ce qui rend sa prédilection pour un tel sujet assez surprenante, c’est qu’en son particulier il prenait, dit-on, fort au sérieux, la chose même dont il se moquait si gaiement en public. […] Molière qui s’était réservé le rôle de Dom Garcie, ne s’en étant pas acquitté à la satisfaction du public, fut forcé de le céder à un autre. […] Le public applaudissait à ces compositions monstrueuses : les chefs-d’œuvre qui seuls pouvaient former son goût n’existaient pas encore.

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