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95. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Au moins, cette page errante à travers les caprices de la ville et les oisivetés de la province a vécu, ne fût-ce qu’une heure ; elle a rencontré au moins un lecteur ; elle a servi, peut-être, tout un jour à la conversation, aux commentaires, à l’oisiveté des salons parisiens ; parfois même, au fond des villes les plus lointaines, elle s’est fait jour dans quelque esprit novice ; ou bien quelque cité curieuse a voulu savoir ce que disait cette page enfouie aujourd’hui dans l’abîme, et alors cette mauvaise petite feuille, jetée aux ronces du chemin, a vécu en allemand, en anglais, en quelque langue étrangère qui lui donnait une grâce inattendue, une force inespérée. […] Et l’un et l’autre, ils enseignent, celui-ci l’histoire d’Angleterre à la cour d’Élisabeth, celui-là la gaîté française aux provinces reculées. […] De sa naissante comédie il avait entretenu la province, et déjà la ville et la cour adoptaient L’Étourdi comme une œuvre pleine de sourires. […] Les Iphigénies à la lisière, les Achilles en sabots, les Frontins de province, les Célimènes de Vienne en Dauphiné7 et de Saint-Pétersbourg, tous les grands génies en herbe du Conservatoire, ont un mois, chaque année, pour arpenter ces nobles planches.

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