Ce sont eux qui les premiers ont introduit ces grossières équivoques, non moins proscrites par le goût que par l’honnêteté, qui firent longtemps l’amusement des mauvaises compagnies [Rousseau devrait dire « réintroduit » pour marquer que ces équivoques, universellement usitées au théâtre avant Molière, avaient été écartées par Molière lui-même], l’embarras des personnes modestes et dont le meilleur ton, lent dans ses progrès, n’a pas encore purifié certaines provinces. […] Jourdain) ; sa défiance à l’égard des médecins qui lui vendent leur latin trop cher ; son mépris pour les gens de province, éternelle matière de succès auprès des Parisiens (M. de Pourceaugnac, la comtesse d’Escarbagnas) ; son aversion et sa peur de bourgeoisie peu instruite à l’égard des femmes qui s’instruisent et qui instruites pourraient la mépriser, — et il était bien loin de l’École des Maris et de l’École des Femmes. […] Je le leur resservirai, le même au fond, plus étendu, plus éloquent et mis dans la bouche d’un personnage qui restera sympathique, et ils applaudiront aux partisans de l’ignorance féminine, et ils riront des femmes savantes tant qu’ils voudront. » Du reste, qu’on ne me fasse pas dire que Molière, en 1659, arrivant de ses provinces et c’est-à-dire de ses méditations solitaires et de ses entretiens avec lui-même, était un libéral, un esprit large et partisan de tous les progrès, et que le public parisien, le public des bourgeois de Paris, en a fait un conservateur à son image.